Ses Yeux Berce Mes Nuits
par I Love Pepess'
Les cheminées fumantes enveloppaient Paris d'une brume artificielle, et firent tousser Pepess. Celui-ci sourit, sans trop savoir pourquoi, à une vieille dame qu'il croisait. Apercevant la photographie d'un palmier, il se prit à rêver à un voyage, un long et beau voyage... aux côtés de celle qu'il rejoignait. Plus vite qu'il ne l'aurait pensé, il se retrouva devant la porte.
Il sortit ses clefs, fit tourner le verrou, et entra.
- Justine, tu es là? Appela-t-il.
Un bruit de pas précipités se fit entendre. Peu après, elle apparut dans le couloir.
- Donne ton manteau, je vais te débarrasser, dit-elle.
- Tu es si Agréable, répondit simplement Pepess.
- Tu viens? Fit gaiement Justine.
Pepess pénétra dans la salle à manger avant de se laisser choir dans un fauteuil.
Il ferma les yeux, et bailla.
- Viens sur mes genoux, dit-il à Justine. Je vais te raconter quelque chose.
Celle-ci obtempera, et fit comme si elle ne se doutait de rien. Mais elle savait exactement ce qui allait se passer. D'ailleurs, elle ne fut pas sitôt près de lui qu'il la serra dans ses bras et se mit à l'embrasser fougueusement. Peu après, elle le regarda et lança:
- Tu es tellement prévisible que tu en es touchant!
- Ah oui? Fit Pepess. Ça, c'est ce que tu crois. Car j'ai la preuve du contraire.
- J'aimerais bien voir ça!
- Viens, je vais te le dire en secret... dit-il.
Mais Justine, pas dupe, se jeta sur lui avant qu'il n'ait eu le temps de tenter quoi que ce soit, et l'embrassa à son tour.
- Je t'aime, dit Pepess.
- Je t'aime aussi, dit Justine.
Cette phrase, ils se l'étaient répétée des milliers de fois. Mais jamais elle n'avait perdu de son sens.
- Voici maintenant six mois que tu m'es apparue. Et je n'ai jamais eu d'autre amour que le tiens.
- Oh... c'est bien vrai?
- Oui, c'est vrai.
- Mon coeur... ce que tu me dis, c'est la chose la plus belle que jamais je n'ai entendue. Tu es aussi Beau à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Pepess rougit. Il se sentait bien. Tout près, son coeur battait. Là-bas le jour passait... ici, tout était arrêté.
- Tu sais... j'ai aimé, tout à l'heure, lorsque nous nous sommes embrassés.
Il n'en fallut pas plus à Justine pour saisir le bras de Pepess et lui offrir de nouveau un baiser enflammé. Les deux êtres eurent cette fois l'impression d'être emportés dans une tempête. Sur un océan rouge sang. Leurs souffles s'échouaient invariablement dans les hurlements du vent, et les gifles des vagues leur faisaient fermer les yeux. C'était beau, c'était puissant, comme un tableau de Monet, ou comme ''Je Pense A Toi'' de Saya. Tout rugissait autour d'eux, ils étaient enfermés dans une parenthèse qui les épargnait des griffes du cyclone, des griffes signant leur passage d'une trace de salive blanche et éphémère... tout tournait, des vertiges les prenaient, Pepess ferma les yeux et eut l'impression de chanter en haut d'un pommier. Et soudain tout s'arrêta.
- Notre mariage a été la plus merveilleuse idée de notre vie, murmura Justine.
- Je suis bien d'accord avec toi...
Ils discutèrent toute la nuit. Ils parlaient de tout, de rien.
- Tu sais, c'est drôle, dit Justine, car hier matin, Bruno a tenté de me séduire.
- Non, c'est vrai?
- Oui, et comme je lui disais que c'était toi, l'amour de ma vie, il m'a répondu que je perdais mon temps et que je serais bien plus heureuse avec lui.
- Ça ne m'étonne pas de lui, il a toujours essayé de gâcher ma vie privée.
- Heureusement je lui ai dit ceci: ''Le jour où tu seras un tant soit peu civilisé, mon petit bonhomme, tu apprendras que mon Pepess est plus tendre que n'importe qui. Et tu ne lui arrives pas à la cheville.''
Dans un sourire, un souffle, un battement de cils, ils se dirent ''je t'aime''. Ce sourire brille encore au fin fond des étoiles... ce souffle chante encore dans les hautes couches de l'atmosphère... ce battement de cils scintille toujours quelque part. Ils s'aiment.