Sœur Emmanuelle, de son vrai nom Madeleine Cinquin, s'est éteinte dans son sommeil à l'âge de 99 ans. Pour sa lutte acharnée contre la pauvreté et l'exclusion et sa vitalité hors du commun, elle était l'une des personnalités préférées des français. Elle aurait dû célébrer le 16 novembre prochain son 100ème anniversaire.
Née à Bruxelles le 16 novembre 1908 dans un foyer aisé franco-belge, la sœur est devenue célèbre en s’installant au Caire pour s’occuper des chiffonniers d’un bidonville. Pourtant, rien ne la prédestinait à être selon ses dires, un alter ego féminin de l’Abbé Pierre, « ami » et « maître à penser ».
En véritable « rebelle » comme elle le disait elle–même, la jeune bourgeoise renonce à l’âge de 23 ans à une vie confortable et prononce ses vœux de religieuse dans la congrégation Notre-Dame de Sion. Elle souhaite ainsi privilégier ses liens avec l’enseignement et le judaïsme.
Sous le nom d’Emmanuelle (Dieu est avec nous), elle enseigne en tant que professeur de philosophie et de lettres d’abord en Turquie, en Tunisie puis décide de partir en Egypte, pays pour lequel elle a eu un véritable coup de foudre.
A 62 ans, elle obtient le feu vert de sa congrégation pour vivre parmi les plus pauvres, les chiffonniers du Caire, où elle y passera 22 ans. Elle y fonde également une communauté pour venir en aide à leurs enfants et fait construire écoles, jardins d’enfants, dispensaires.
En 1980, elle crée l’association Sœur Emmanuelle et fait le tour du monde afin de récolter des fonds. A la demande de ses supérieures, elle rentre en France en 1993 (dans le Var) où elle continuera de mener un véritable combat pour défendre l’aide aux pays pauvres, les SDF et les jeunes générations.
Connue pour son franc-parler, sa silhouette humble et son visage malicieux, elle consacrait toute son énergie pour des causes dont on lui apportait une reconnaissance certaine. Elle avait également déclaré : "Sans partage, sans solidarité, on ne peut faire progresser l'humanité" . "Il faut donc s'acharner"
Le 27 avril 2005, Sœur Emmanuelle est décorée par Armand Decker qui était Ministre de la Coopération au Développement en Belgique. Elle reçoit ainsi les insignes de Grand Officier de l'Ordre de la Couronne, pour la récompenser de son parcours exceptionnel.
Au début du mois d’octobre était sorti un livre d’entretiens de Sœur Emmanuelle intitulé « J’ai 100 ans et je voudrais vous dire ». Elle y parlait de la mort sans tabou. A la fin de cet ouvrage, elle affirme dans un texte écrit de sa main : « J’ai une vie heureuse, celle que je voulais ».